Mélanie RECOLLIN-BELLON,
animatrice d'ateliers d'écriture

12 secondes pour un poète (apologie de Charles Bukowski)
Il humait
ses restes fragiles,
les miettes,
laissées au sol après leur brisure,
rassemblées
vers un coin de moisissure.
Le cendrier noirci
était à terre,
La chute
interpelle
l'ordre des choses,
quand plusieurs parties
s'interrogent.
Dans son trois pièces bruyant clignotant aux néons des rues,
dans
ce trois pièces,
il dessinait
le grand cercle du monde,
traçait les ailerons
assoiffés
par les rats
mi-captifs mi-rétifs.
Il n'avait pas la parole fragile
hurlait en silence,
imaginait le crieur public
qui arrêtait la foule.
Lui,
n'avait plus de public,
chacun pouvait lui parler.
L'Homme
inscrit sa parole,
Et l'Histoire
perd sa majuscule
sans la voix du poète.
Il ne se souvenait plus ;
qui au juste avait créé l'Homme,
Il se demandait juste ;
qui le laissera rester encore
12 secondes sur Terre ?
Charles
avait un rossignol bleu
dans le coeur,
Qu'il arrosait
de whisky,
pour ne pas pleurer
à chaque seconde perdue.
Mélanie RECOLLIN-BELLON